Si ce titre fait référence à un tube mondial de la Compagnie Créole (sic) que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître…ce n’est pourtant pas de musique à danser qu’il va s’agir ici… Quoi que… une sérénade a toujours un côté dissimulé (je pense à Cyrano de Bergerac). C’est ce qui fait son charme et son pouvoir d’excitation. On se laisse emporter par son tourbillon, sans penser à mal, sans se méfier, étourdi par la jouissance du moment et les sonorités du bal…
BAL. C’est un peu le début de tout. BAL. Comme « Boîte Aux Lettres ». Électronique bien sûr. Cet outil « magique », pourtant si récent (à peine 15 ans, la fleur de l’âge !), qui a mis le monde entier à notre portée.
Plus de distance, plus de temps. Communication immédiate et instantanée.
Plus de secret, non plus. On s’en est vite aperçu.
Messagerie piratée, Url détournée, spams, tout notre courrier devenait une prose à la portée de ceux qui le voulaient.
Et puis vint le Livre de Visages (Facebook, pour ceux qui refusent obstinément le bilinguisme). Ce n’était plus de BAL qu’il était question mais d’un gigantesque flashmob chorégraphié par un petit étudiant américain, peut-être un peu piqueur d’idées… Tout un chacun voulait avoir son profil, engranger le plus d’amis possible, égrainer le moindre des ses faits et gestes, exposer les facettes de sa vie que, jusqu’alors, la plupart ignorait…
C’était la méga grosse teuf où tout était permis. On s’amusait beaucoup dans ce moderne mélange de boîte (encore !) de Pandore et d’auberge espagnole…
On s’amusait beaucoup. Jusqu’à.
Jusqu’à ce que Facebook devienne l’instrument favori des DRH en mal de licenciement, des recruteurs en panne de renseignements ou bien encore de voisins délateurs.
Et du coup, vas-y que je te verrouille les paramètres de confidentialité, que je blackliste à tour de bras, que je supprime des amis que je connaissais même pas…
Paranoïa ? Peut-être. Prudence élémentaire, sûrement.
On se laisse entraîner par les flonflons de la nouveauté et puis, quand les masques tombent et que la lumière se rallume, on réalise que la fête est finie mais qu’il en reste forcément des traces.
Visibles. Consultables. Utilisables. Merde, se dit-on. Mais trop tard.
Pourtant l’ingéniosité de l’être humain est sans limite.
Le blog.
Pour continuer à parler à la terre entière. À faire partager ses envies, ses passions, ses états d’âme, ses sautes d’humeur et ses mots d’amour… En y mettant un brin de talent d’écriture qui leur donnait une saveur nouvelle et une proximité retrouvée.
Ingénieux, certes, doué de mémoire également.
Le bloggeur d’aujourd’hui n’a pas oublié son apprentissage d’internet évoqué plus haut. Qu’il en ait fait les frais ou non. Tout se sait, tout s’entend, tout se lit…
« Dans le sein même du mal on trouve le remède » (je crois que c’est d’un illustre vieux sage latin ou grec, mais comme je ne m’en souviens plus, on va dire que c’est de moi !).
De fait, aujourd’hui, en regard de ce qui vient d’être évoqué, la question est souvent posée autour de l’anonymat ou non du bloggeur…
Attention, ne pas confondre anonymat et pseudonyme ! L’anonymat c’est l’absence de nom (littéralement, n’oubliez pas que vous avez affaire à un latiniste distingué, non mais !). Le pseudonyme, c’est une identité « autre », comme un costume de scène ou un masque pour aller au bal…
Que serait cette scène mythique de Eyes Wide Shut sans les loups que portent les protagonistes ? Un banal échange de corps à corps un peu distants et de petits pas retenus… De toujours associé au Carnaval, le masque n’est-il pas, dans cet exemple-là comme dans tant d’autres, le moyen indispensable de créer un espace hors du temps et en marge des conventions sociales, où la liberté de faire et de dire prend une dimension inhabituelle ? Où le plaisir (de créer, d’imaginer, de s’évader…) prend le pas sur toute autre considération ?
Combien d’artistes et d’auteurs ont-ils eu recours à ce subterfuge pour laisser libre cours à leur créativité débridée, à leurs talents multiples, à leur sensualité sans détours ?
Et puis, pour en revenir au blog, quelle certitude peut-on avoir que le nom qui nous est proposé est bien le « vrai » ? D’ailleurs, celui-ci définit-il mieux la personnalité de l’auteur que celui, de fantaisie, qu’il s’est choisi ? Au final, notre patronyme n’est pas le nôtre mais celui dont nos géniteurs ont décidé pour nous et ne peut, en aucun cas, prédéterminer qui nous serons, qui nous sommes…
Une identité d’emprunt en dit, très souvent, bien plus sur notre moi profond que l’état civil qui nous a été légué !
Le blog ayant, également, pour objet de mettre en lumière un centre d’intérêt, une passion, une envie de partage, il est évident qu’il ne pourrait y parvenir sous le couvert d’un anonymat qui constitue le lot d’une grande partie de l’humanité dont le bloggeur tente d’émerger, ne serait-ce que du bout des narines, histoire de respirer un peu, de donner un autre souffle à sa vie…
Mais après tout, s’il y trouve son compte, pourquoi ne pas le laisser s’exprimer sous une
une identité d’emprunt ? Comme on se déguise pour jouer.
Pour jouer à être vraiment soi et non plus un autre….
Pour renouer avec cette part de secret sans laquelle nous ne saurions vivre. Car c’est par l’ombre que vit la lumière. C’est dans l’anfractuosité la moins visible de nos propos que siègent nos vérités les plus intimes. Les plus ultimes.
Que nous devons réserver. Préserver.
Pour pouvoir continuer à les exprimer. Sans risque d’être réprimés.
Bloggeurs de tout l’univers, continuez à blogger pour notre plus grand plaisir.
Faites-le sous votre propre nom (attention, dans ce cas à ce que vous écrivez), faites-le en signant A.Noname ou Julius Tartampion, mais faites-le !
Et le grand bal du libre échange et du dialogue, gage de richesse intérieure et de moments de bonheur, pourra continuer sans fin…
Léo Myself
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