Vos blooks nous passionnent, nous intéressent, parfois nous font rire et très souvent nous inspirent. C’est la raison pour laquelle nous souhaitons les mettre en avant le temps d’un article blog…
Particulièrement inspirés par le blook Street Report, c’est tout naturellement que nous avons choisi de mettre à l’honneur le blog et le travail de Dimitri Sandler cette semaine.
Ce photographe parisien de 42 ans jongle entre enseignement de la philosophie et du cinéma à temps partiel et production et réalisation de films sur des questions relatives à l’enseignement et l’éducation.
C’est à l’adolescence qu’il découvre la photographie. Il passe alors des heures entières dans la chambre noire d’un vieux labo remis en état par ses soins. Obsédé par l’envie d’obtenir de bons tirages, il s’efforce à travailler sans relâche ses prises de vue afin d’obtenir des photographies de qualité. Particulièrement pris par ses études de philosophie, ce n’est que quelques années plus tard qu’il se replonge dans l’univers de la photo, lorsqu’il rencontre la pensée de Walter Benjamin, un philosophe qui s’est efforcé de faire une place à la photographie dans le champ philosophique.
L’envie de partager son travail avec ses proches mais également, et surtout, avec des inconnus a poussé Dimitri à créer son propre Tumblr intitulé Street-Report. « Un blog, c’est un petit lieu d’exposition perdu dans l’infini des pages web. Parfois on y fait une rencontre fortuite, un anonyme apprécie une photo et c’est flatteur. »
Ce qui frappe lorsque l’on découvre les photographies de Dimitri, c’est la façon dont il arrive à saisir des instants, des mouvements, des regards… comme si nous vivions la scène photographiée. Lorsque nous l’interrogeons à ce sujet, Dimitri explique que rien n’est orchestré mais, qu’au contraire, tout est dû au hasard de l’instant : « On peut peut-être favoriser l’émergence de ces instants particuliers, mais ça ne fonctionne pas toujours. D’une manière générale, j’essaie de ne pas surprendre les gens, de ne jamais voler des images. Je m’installe longuement dans les lieux, comme dans ce café chez Hamad rue Véron, ou dans la friperie de la rue Véron. C’est une approche documentaire. Les gens finissent par me connaître, mon appareil photo cesse de les déranger. Certains en viennent même à me demander de leur tirer le portrait, ce qui donne souvent des photos un peu figées, comme quand on allait chez le photographe. J’aime bien, ils sont dignes devant l’objectif, c’est un peu un rituel. »
Car oui, Dimitri aime partir à la rencontre des inconnus, arpentant les rues parisiennes, son appareil numérique ou son vieil argentique à la main. « Je pars à leur rencontre comme on part à la pêche. Parfois je rentre bredouille et ça a le don de me mettre en rogne.«
Mais Dimitri aime également photographier ses proches. C’est un moyen pour lui de créer un lien entre le passé et le présent : « Il y a un monde passé qui vit en moi en permanence. Le temps qui passe m’effraie et faire de la photo, c’est s’offrir l’illusion, au moins un instant, d’arrêter le temps. Pourtant, paradoxalement, si elle contribue à universaliser le présent, la photo propulse immédiatement le présent dans le passé. Surtout en noir et blanc. Quand je regarde les photos de ma fille, j’ai parfois l’impression qu’elle et moi avons vécu il y a très très longtemps.«
C’est justement pour que sa fille puisse un jour se replonger dans son enfance au travers de ces belles photographies que Dimitri a choisi d’imprimer son blog en livre. Pour lui, le livre est également un retour aux vraies valeurs de la photographies : un tirage, un document qui se froisse dans un portefeuille, et non pas juste des pixels dans un monde virtuel…
Merci Dimitri pour votre confiance.